La GB Surfing Cup 2025, censée célébrer le meilleur du surf britannique à Thurso, en Écosse, s’est terminée sur une note amère. Alors que les demi-finales féminines battaient leur plein, un groupe de free surfers a fait irruption dans le line-up, droppant sur les compétitrices et leur lançant des insultes.
Un comportement inacceptable, qui a conduit à l’arrêt immédiat de la compétition et à l’ouverture d’une enquête policière.
L’organisation GB Surfing a publié un communiqué officiel exprimant sa “profonde inquiétude” face à ces actes, d’abord dirigés vers les surfeuses. “Nous reconnaissons que les surfeurs en finale seront déçus par la fin prématurée de l’événement, mais nous sommes reconnaissants à l’équipe organisatrice et à la police pour leur réactivité”, précise la fédération.
L’émotion a rapidement gagné les réseaux sociaux.
La surfeuse Lainy Cruickshank a résumé le sentiment général dans un message poignant :
“Je me sens absolument dévastée que tout le surf britannique ait dû être témoin d’un tel comportement. Voir mes enfants regarder leurs amis se faire insulter, c’était insoutenable. Les vagues étaient incroyables, le surf magnifique, mais tout a été gâché.”
Ce qui devait être une célébration du surf anglais, écossais, gallois et des îles anglo-normandes s’est transformé en triste symbole de division. D’autant plus cruel que la journée offrait des conditions parfaites à Thurso, la plus belle droite d’Écosse.
L’incident de Thurso rappelle un phénomène récurrent dans le surf mondial : la tension entre compétiteurs et free surfers lorsqu’un événement se déroule sur un spot public.
En France, les Championnats d’Allemagne à Hossegor avaient connu un scénario similaire. Des surfeurs locaux, irrités par la privatisation du pic pendant la compétition, avaient délibérément perturbé les séries, provoquant une vive polémique sur la notion de respect et de légitimité dans l’océan.
Le problème est universel : contrairement à d’autres sports, le surf ne se pratique pas dans un espace fermé. Normalement, du moins en France, un arrêté est pris par la mairie pour privatiser cet espace public. Tout repose donc sur le respect mutuel et la conscience collective du moment.
Et lorsque ces valeurs disparaissent, c’est toute la culture surf qui s’en trouve salie.
Le surf s’est construit sur la liberté, la communion avec la nature et l’esprit d’entraide.
Mais cet incident montre que la liberté sans respect devient vite égoïsme.
Les compétitions amateurs comme la GB Cup reposent sur des bénévoles, des familles, des jeunes surfeurs motivés. Les insulter, c’est s’en prendre à la base même du surf : une communauté passionnée, non une machine commerciale.
L’affaire est désormais entre les mains de la police écossaise, et GB Surfing a promis un nouveau communiqué prochainement. Mais le mal est fait : la confiance est brisée, et les images de cette journée ternissent l’image d’un surf britannique en pleine reconstruction.
Au-delà de l’incident dans l’eau, une seconde tempête a éclaté en ligne. Des vidéos, extraits de live et témoignages contradictoires ont envahi les réseaux sociaux, nourrissant la confusion.
Entre indignation légitime et emballement médiatique, la frontière s’est vite brouillée. Comme souvent, la rumeur a pris le pas sur les faits — au point que personne ne sait plus vraiment ce qui s’est passé.
Ce phénomène n’est pas nouveau : le surf, autrefois confidentiel, est désormais scruté en permanence. La moindre erreur, la moindre vague partagée au mauvais moment, devient virale. Et les réseaux peuvent transformer un incident local en crise internationale, voir même un tribunal populaire. D'un côté, des témoignages assez accablant sur une possible agression physique (surfeuse plaquée au fond) avec des insultes, et de l'autre un surfeur avouant sa faute d'être allé sur l'épaule de la vague, et qui, sur une série qui a décalé, a pris le set en pleine poire et s'emmêlant le leash avec celui de la compétitrice. Deux versions très différentes… La police mène son enquête, on n'en dira pas plus.
Une dérive qui interroge notre rapport collectif à l’image, à la réputation et à la vérité dans le monde du surf.
Ce qui s’est passé à Thurso aurait pu arriver n’importe où.
L’épisode d’Hossegor l’a déjà prouvé : quand l’ego prend le pas sur la passion, la culture surf perd une part de son âme. Même si on ne partage pas certaines valeurs, il est important de faire preuve de respect.
Espérons que cet incident serve de leçon, et que les line-ups — en compétition comme en free surf — redeviennent ce qu’ils devraient toujours être : des lieux de partage, pas de confrontation.
PS: photo non contractuelle de la confrontation bagarre...lol