Il y a des vagues qui marquent une vie. Pour Nathan Florence, la dernière en date ressemblait à un rêve éveillé : un reef parfait, perdu dans le Pacifique Sud, avec Aaron Gold et Kohl Christensen comme compagnons de session. Des murs de 12 pieds qui se dressent sur un récif dans une eau translucide, et la sensation unique de surfer un peak vierge de toute trace humaine. Mais à peine la wax sèche, le rêve s’est transformé en cauchemar. Nathan s’est retrouvé cloué au lit pendant six jours, frappé par un ennemi invisible, mais redoutable : la dengue.
Dans sa dernière vidéo, Nathan Florence partage une session hallucinante. L’île qu’il découvre ressemble à une carte postale : cocotiers, lagon turquoise et vagues d’une perfection quasi irréelle. Les sets de la houle tahitienne font trembler le reef. Même pour des spécialistes des grosses vagues comme Gold et Christensen, la session est tendue. Le genre de surf qui fait rêver… mais qui rappelle aussi que les vagues de rêve ont souvent un prix caché.
À son retour au camp, Nathan commence à ressentir les premiers symptômes : fièvre brutale, courbatures intenses, migraines insupportables. Verdict médical : dengue. Une infection virale transmise par les moustiques Aedes, très présents dans les zones intertropicales. Pendant près d’une semaine, le surfeur hawaiien n’a pu quitter son lit, épuisé, déshydraté, parfois incapable de manger.
La dengue est souvent surnommée la grippe tropicale. Elle se transmet uniquement par la piqûre de moustiques infectés, principalement Aedes aegypti et Aedes albopictus. Après une incubation de 2 à 7 jours, la maladie se déclare brutalement :
Dans 99 % des cas, la dengue reste bénigne, mais extrêmement pénible : une semaine de symptômes intenses, suivie d’une quinzaine de jours de grande fatigue. Dans 1 % des cas, la maladie peut évoluer vers une forme grave, avec des hémorragies ou un choc hypovolémique, mettant en jeu le pronostic vital.
En 2025, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d’alarme : les cas explosent dans le Pacifique. Depuis janvier, plus de 16 000 infections confirmées et 17 décès ont été recensés dans les îles de la région, notamment aux Fidji, à Samoa et à Tonga. Le réchauffement climatique favorise la prolifération des moustiques et allonge la saison de transmission.
Nathan Florence n’est pas le premier surfeur à être touché. Les amateurs de vagues tropicales voyagent régulièrement vers les zones les plus touchées : Indonésie, Polynésie, Pacifique Sud, Caraïbes… Autant de destinations où les moustiques trouvent des conditions idéales pour proliférer : chaleur, humidité, eaux stagnantes près des villages.
En surf trip, les conditions d’hébergement ne sont pas toujours optimales : bungalows ouverts, moustiquaires absentes, douches extérieures. Autant de détails qui augmentent les risques. Et contrairement à une coupure de reef ou une otite, la dengue ne se soigne pas. Une fois infecté, le seul traitement est symptomatique : repos, hydratation, médicaments pour la fièvre et les douleurs.
Pour les surfeurs en déplacement plusieurs semaines, un épisode de dengue peut ruiner un voyage, voire mettre en danger leur santé.
Si aucun vaccin ni traitement spécifique n’existe (sauf dans certains pays pour des populations ciblées), la meilleure arme reste la prévention. Quelques réflexes simples peuvent sauver un surf trip :
Ces gestes ne garantissent pas une protection totale, mais réduisent fortement le risque.
Bonne nouvelle : après quelques jours très difficiles, Nathan a récupéré. Fidèle à sa réputation de guerrier des grosses vagues, il n’a pas tardé à retrouver la rame, profitant du swell d’Erin en Irlande, dans des eaux bien plus fraîches mais sans moustiques.
Son expérience rappelle que derrière les vidéos spectaculaires de surf trips tropicaux se cache une réalité sanitaire. La dengue est en pleine recrudescence et les surfeurs voyageurs doivent en tenir compte. Préparer un trip, ce n’est pas seulement waxer sa planche et checker la houle : c’est aussi penser à la santé et à la prévention.