La planche de surf perdue en Tasmanie réapparaît 18 mois plus tard à 2 400 km de là, retrouvée par un Français

29 octobre 2025

C’est une histoire comme seuls les océans savent en écrire. Une planche de surf tombée d’un bateau en Tasmanie, oubliée depuis un an et demi, retrouvée par hasard en Nouvelle-Zélande par un Français installé à Raglan. 2 400 kilomètres plus loin, 18 mois de dérive, et un destin que seul le courant pouvait orchestrer.

Un voyage insensé porté par les courants

Mai 2024. Quelque part au large de la Tasmanie, une planche sur mesure glisse sur le pont d’un bateau, heurte le rebord, puis disparaît dans la houle. Son propriétaire, un surfeur australien prénommé Liam, la regarde s’éloigner, impuissant. L’océan l’a avalée, sans promesse de retour.
Dix-huit mois plus tard, cette même planche va réapparaître… à 2 400 km de là, sur la côte ouest néo-zélandaise.

Entre les deux, personne ne saura jamais vraiment quel chemin elle a emprunté. Peut-être a-t-elle traversé la mer de Tasmanie portée par les vents d’ouest, s’est échouée un temps sur une côte déserte avant de repartir. Ce qu’on sait, c’est qu’elle a survécu — intacte, marquée, mais debout. Un miracle flottant, couvert de balanes et de coquillages, témoin du passage du temps et des voyages invisibles que tracent les courants marins.

La découverte d’un Français à Raglan

Mi-octobre 2025, un Français du nom d’Alvaro Bon profite d’une session de kitesurf dans le port de Raglan, sur l’île du Nord. Installé depuis une dizaine d’années en Nouvelle-Zélande, il connaît ces eaux par cœur. Ce jour-là, le vent est fort, trop fort. Il perd le contrôle de son cerf-volant, qui s’envole au large. En rejoignant la terre, il aperçoit quelque chose d’étrange flottant à la surface : une planche de surf couleur crème, piquée de coquillages, comme sortie d’un rêve.

« Je l’ai cachée dans les dunes, je ne savais pas trop quoi en faire », racontera-t-il plus tard à la BBC.
Quelques jours après, il la nettoie et publie des photos sur les réseaux sociaux, espérant retrouver le propriétaire. À son retour de surf, son téléphone est inondé de messages. Parmi eux, celui d’un certain Liam, accompagné d’une photo : c’était bien la sienne. « Il n’arrivait pas à y croire », confie Alvaro.

Un symbole de résilience et de hasard

La planche, malgré 18 mois passés à dériver en plein océan, est en bon état. Quelques traces du sel, quelques cicatrices laissées par les coquillages — rien qui ne puisse l’empêcher de flotter.
Pour Liam, c’est une planche fétiche, un morceau de lui revenu du large. Pour Alvaro, c’est un signe.

« Le jour où j’ai trouvé la planche, j’ai perdu mon cerf-volant, raconte-t-il. Peut-être que c’était ça le sens… Parfois il faut lâcher prise pour trouver mieux. »

Difficile d’imaginer phrase plus juste.
Dans un monde où tout semble contrôlé, l’océan rappelle qu’il reste le maître des histoires. Ce jour-là, il a rendu ce qu’il avait pris. Et entre deux inconnus, il a tracé un fil invisible, une ligne de swell entre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande.

L’océan, narrateur d’histoires incroyables

Cette dérive n’est pas qu’une anecdote insolite : elle dit quelque chose de la mer, de sa puissance et de sa poésie.
Les scientifiques savent que les courants marins de la mer de Tasmanie sont parmi les plus imprévisibles du Pacifique Sud. Des objets peuvent dériver des mois entiers avant d’atteindre les plages néo-zélandaises. Mais au-delà des données, c’est l’imaginaire qui fascine : la mer transporte aussi bien des déchets que des miracles.

Une planche perdue, retrouvée 18 mois plus tard, c’est un message venu des profondeurs : la mer garde, transforme, restitue. Et parfois, elle choisit à qui offrir le dénouement.

Dans quelques jours, la planche rejoindra son propriétaire à Auckland. Mais son histoire, elle, a déjà fait le tour du monde — et des cœurs.

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