Sorti en 1991, Point Break est devenu un film culte mêlant surf, braquages et quête de liberté. Si Patrick Swayze et Keanu Reeves brillent à l’écran, peu savent que derrière les scènes de surf les plus spectaculaires se cache un certain Matt “Archy” Archbold. Véritable icône du surf californien, Archbold a non seulement doublé Swayze sur les vagues, mais a aussi coordonné toute la partie surf du film. Retour sur cette histoire aussi méconnue que légendaire.
À la fin des années 80, Matt Archbold est l’un des surfeurs les plus stylés de sa génération. Aérien, rebelle, tatoué, il incarne une nouvelle ère du free surf. Lorsqu’Hollywood cherche un consultant surf pour son prochain blockbuster, le nom d’Archy est soufflé par le shaper Dennis Jarvis. La production mord à l’hameçon.
Initialement, Matt devait jouer un rôle avec répliques parmi les célèbres "Dead Presidents", la bande de braqueurs surfeurs. Mais la réalisatrice Kathryn Bigelow – visionnaire et exigeante – préfère le placer à un poste clé en coulisses : cascadeur officiel de Patrick Swayze et coordinateur surf pour l’ensemble du casting.
Aux côtés de Brian Keaulana, légende hawaïenne, Archbold devient le professeur de surf de Keanu Reeves, mais aussi d’Anthony Kiedis, chanteur des Red Hot Chili Peppers, qui fait une brève apparition dans le film. Son rôle dépasse largement celui de doublure. Il est coach, chorégraphe, conseiller technique. En somme, il assure l’authenticité des scènes qui font vibrer les fans de glisse encore aujourd’hui.
Le tournage commence à Lowers, spot californien bien connu d’Archbold. Mais l’équipe, insatisfaite des conditions, décide de déplacer toute la production à Hawaï. Matt est logé à Turtle Bay, bénéficie de sa propre loge sur la plage de Pipeline, et surfe chaque jour pour les besoins du film.
Petit hic : pour simuler les eaux froides californiennes, il doit enfiler une épaisse combinaison, sous 30 degrés hawaïens. Quatre heures dans l’eau, combinaison intégrale, à surfer des vagues pour les besoins de la caméra. Un enfer… mais quel souvenir !
Autre anecdote savoureuse : pour certaines prises, Archy est tracté sur les vagues par Brian Keaulana à l’aide d’un jet-ski. On est en 1991, bien avant que le tow-in surfing (le surf tracté) ne devienne une discipline à part entière. Encore une preuve que Point Break, malgré ses scènes parfois hollywoodiennes, a su capter l’esprit pionnier du surf.
Aujourd’hui, Matt Archbold regarde cette période avec tendresse. "C’était une expérience super cool," confie-t-il dans une interview. "Kathryn Bigelow écoutait vraiment nos conseils. Elle aurait pu ignorer le “petit surfeur”, mais elle nous respectait." Ce respect se ressent dans le rendu final : des scènes de surf crédibles, puissantes, qui ont marqué toute une génération.
Si Point Break est un film culte, c’est aussi parce qu’il a su mêler adrénaline hollywoodienne et réalisme surf. Et ça, on le doit en grande partie à Matt Archbold. Sans lui, peut-être que Bodhi n’aurait jamais eu autant de grâce dans le tube, ni Johnny Utah autant de flow sur une planche. Alors la prochaine fois que vous verrez la première scène du film, avec ce layback mythique… pensez à Archy.