Ostreopsis ovata : l’algue toxique qui menace les plages basques

20 juillet 2025

Invisible à l’œil nu, mais bien réelle pour les surfeurs, baigneurs et promeneurs : l’algue Ostreopsis ovata explose cet été sur la Côte basque. Pourquoi ? Le réchauffement climatique semble le principal responsable, tous les surfeurs de la côte basque vous le diront, l'eau est actuellement anormalement chaude. Entre toux, fièvre et plages fermées, les effets se font sentir, au propre comme au figuré.

Une menace qui revient chaque été… mais plus tôt et plus fort

Depuis 2021, la Côte basque connaît chaque été une recrudescence de cette microalgue tropicale, Ostreopsis ovata. En 2025, le phénomène prend une ampleur inédite : à Biarritz, la plage du Port Vieux a enregistré le 15 juillet des pics à 600 000 cellules par litre, contre seulement 18 000 quelques jours plus tôt. Résultat : plage fermée, drapeau rouge, et consultations médicales en hausse.

Le problème ? Cette microalgue est toxique pour l’homme. Elle libère une substance volatile qui se propage par les embruns, touchant non seulement les surfeurs et baigneurs, mais aussi les promeneurs, les enfants qui jouent dans le sable, les secouristes… tout le monde.

Qu’est-ce que Ostreopsis ovata, exactement ?

Ostreopsis ovata est une microalgue tropicale, apparue en Méditerranée dans les années 2000, et identifiée sur la Côte basque à partir de 2021. Sa prolifération, ou “bloom”, est favorisée par :

  • le réchauffement climatique (eaux plus chaudes),
  • des eaux calmes et stagnantes,
  • la houle qui la détache des rochers,
  • et possiblement, des introductions via les eaux de ballast des navires.

Invisible à l’œil nu dans sa forme initiale, elle forme parfois une pellicule brune et gélatineuse sur les rochers ou en surface. Un goût métallique dans l’eau peut aussi trahir sa présence.

Quels sont les risques pour la santé ?

Les symptômes apparaissent dans les six heures suivant l’exposition, même sans baignade :

  • toux sèche, mal de gorge,
  • yeux et nez qui coulent, saignements nasaux,
  • gêne respiratoire, fièvre, maux de tête,
  • douleurs musculaires, tremblements, éruptions cutanées.

👉 Les plus vulnérables : enfants, personnes âgées, asthmatiques, diabétiques ou souffrant de pathologies ORL et respiratoires.

Bonne nouvelle toutefois : les symptômes sont généralement bénins et réversibles sous 3 à 4 jours. Mais pour les surfeurs réguliers ou les travailleurs en bord de mer, la répétition des expositions peut aggraver les effets.

Les spots les plus touchés

En juillet 2025, les plages les plus impactées sont :

  • Port Vieux (Biarritz) – baignade interdite temporairement
  • Parlementia (Bidart/Guéthary)
  • Deux Jumeaux (Hendaye)
  • Erromardie (Saint-Jean-de-Luz)

D’autres spots comme Cénitz ou la Villa Belza sont étroitement surveillés. La CAPB (Communauté d’Agglomération Pays Basque) a mis en place un suivi rigoureux sur 34 zones de bain, avec 4 niveaux d’alerte allant de simple observation à fermeture de plage.

Quelles précautions pour les surfeurs ?

Même sans fermeture officielle, il est vital d’adopter les bons réflexes :

🧴 À faire après chaque session :

  • prendre une douche complète (cheveux compris),
  • laver sa combinaison et son matos (surf, leash, etc.),
  • éviter de laisser sécher ses affaires sur le sable humide ou les rochers.

🩺 À faire en cas de symptômes :

  • consulter son médecin en mentionnant une éventuelle exposition à Ostreopsis,
  • appeler le centre antipoison de Bordeaux (05 56 96 40 80) en cas de doute,
  • éviter de retourner à l’eau pendant plusieurs jours.

🚫 À éviter en période de bloom :

  • surfer pieds nus ou torse nu sur les zones rocheuses,
  • pratiquer dans les zones fermées ou déconseillées,
  • fréquenter la plage si vous êtes une personne à risque (asthme, diabète, etc.).

Ce que dit la science (et Surfrider)

L’association Surfrider, bien connue des surfeurs, alerte depuis plusieurs années sur les effets de cette microalgue. Elle mène des campagnes de prélèvements réguliers et développe des outils de sensibilisation et même des bio-capteurs de détection rapide.

Selon leurs travaux, l’Ostreopsis ovata est symptomatique du dérèglement climatique, et pourrait devenir la nouvelle norme estivale sur nos côtes si rien n’est fait.

Elle affecte aussi la biodiversité :

  • elle asphyxie certains organismes marins fixés,
  • elle intoxique les oursins et les coquillages filtrants,
  • elle déstabilise les écosystèmes côtiers.

Comment rester informé en temps réel ?

📱 Télécharge l’appli Kalilo, qui relaie les alertes officielles de l’ARS (Agence Régionale de Santé) en direct sur l’état des plages du Pays basque.

📍 Surveille les panneaux à l’entrée des plages : certains sites comme Port Vieux ou Erromardie ont déjà affiché des consignes strictes.

🌊 Suis les campagnes d’information locales et sur les réseaux sociaux : Mairies, Surfrider, surf clubs.

Une question de santé… mais aussi de culture surf

Pour la communauté surf, la mer est un terrain de jeu, un lieu de dépassement, une source de vie. Mais c’est aussi un écosystème fragile, menacé par les changements globaux que l’on vit aujourd’hui en direct.

Les surfeurs sont en première ligne, à la fois exposés, mais aussi responsables et acteurs. Mieux connaître le phénomène Ostreopsis, c’est aussi mieux protéger notre océan, notre santé, notre passion.

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