À Waimea Bay, il existe un mirage de surfeur : une vague qui ne vient pas de l’océan, mais d’une rivière en crue. Quand le Waimea Valley déborde et perce la barre de sable (ou plutôt quand les surfeurs creusent un tranchée), un fleuve brun se jette dans la baie, sculpte un chenal et, pendant quelques heures, transforme la plage mythique en une machine de vagues statiques dignes d’un snowpark aquatique. Ces derniers jours, le phénomène a livré son plus beau visage. Jamie O’Brien (JOB) a parlé sans trembler : “10/10, probablement la meilleure river wave de ma vie”, aux côtés de Koa Smith, à l’aube, quand la rivière prête à éclater promet le jackpot aux premiers arrivés.
La session commence avant le lever du soleil. Le chenal est gonflé, la plage encore vide, l’océan lui-même offre de beaux sets au large de Waimea, mais les deux compères préfèrent la folie douce du fleuve. Dans la lumière laiteuse, la surface devient glassy : un verre dépoli, si lisse qu’on se demande s’il va tenir sous les dérives. JOB enchaîne des runs de trois à quatre minutes avec de nombreuses manœuvres, porté par une onde stationnaire qui respire comme un poumon. “Absolument insane”, résume-t-il en sortant de l’eau, rincé et hilare.
Le décor est simple et pourtant capricieux : de fortes pluies remplissent le Waimea Valley. C'est un bassin dans un parc naturel qui n'est séparé de la plage de Waimea que par une langue de sable de quelques mètres. On commence par creuser une tranchée reliant ce bassin naturel à l'océan. L’eau douce accélère, creuse des “dunes” sous-marines dans le chenal, qui renvoient l’énergie comme un tremplin. Quand le débit et le profil du fond s’alignent, une vague statique se met à fonctionner, parfois grande, quand le débit est suffisant, mais toujours d’une régularité hypnotique. C'est une obsession pour les locaux.
Souviens-toi : en février, la rivière avait explosé en mode superlatif, session nocturne, crue furieuse, risques énormes. JOB, Koa, Italo Ferreira et une poignée de locaux au coucher du soleil. C’était spectaculaire… et franchement hostile. La différence cette fois ? Moins de chaos, plus propre. Une ligne lisible, glassy, idéale pour carver et jouer avec les changements de section. La vague statique de Waimea River n’a pas de standard : elle a des humeurs. Et, ce jour-là, elle était de bonne humeur.
Waimea River casse depuis de nombreuses années sans qu'aucun incident sérieux n'ait lieu. Cependant, c'est un phénomène puissant, qui demande d'être à l'aise avec l'élément marin. Lorsque vous tombez de votre planche, ou que vous ratez la vague. Le courant est si violent que vous allez être éjecté dans l'océan sans pouvoir faire quoique cela. Une personne sans expérience pourrait paniquer, on a l'impression d'être pris dans une baïne violente. Autre phénomène inquiétant, le risque requin existe à Hawaiii et sur le North Shore. Ce phénomène pourrait attirer des requins tigres ou boudelogues, aucune étude existante ou accident, mais je me souviens m'être fait la réflexion lorsque j'ai dans le passé surfer la vague statique de Waimea River.