Et si un film de surf parlait d’abord de chance — la nôtre, d’être nés au bon endroit — puis de responsabilité ? Avec We The Surfers, Arthur Bourbon retourne à Robertsport, au Libéria, cinq ans après Water Get No Enemy. Il ne signe pas une suite “best of”, mais la chronique d’une communauté qui s’organise et grandit autour d’un club, de programmes éducatifs et d’un surf qui soigne les cicatrices d’hier tout en fabriquant des opportunités pour demain. Le film est disponible en VOD (Prime Video, Apple TV).
Là où tant de films empilent les manœuvres, We The Surfers déplace le regard : moins d’ego, plus d’humains. On suit des surfeurs et surfeuses libériens qui transforment leur plage en espace commun : on y apprend, on y travaille, on y rit, on s’y répare — planches, âmes et liens sociaux. C’est le sens du Robertsport Surf Club, point d’appui d’une économie locale naissante (location de matériel, restauration, hébergements simples) et d’un apprentissage structuré (sécu à l’eau, encadrement des kids, règles de priorité).
Cette structuration ne se fait pas en vase clos. Des ONG et initiatives de terrain — Universal Outreach, Provide The Slide — ont catalysé le mouvement : dons de planches, bourses, programmes environnementaux, surf thérapie, et un vrai coup d’accélérateur sur l’inclusion des filles. Le résultat visible, ce sont des lieux qui vivent et des trajectoires qui s’ouvrent.
On serait tenté d’appeler ça du “surf social”. Concrètement, à Robertsport on déjeune au resto du club, on dort chez l’habitant ou dans de petites chambres gérées localement, on loue une board ou on fait réparer la sienne, on apprend à lire la houle et les bancs. Parfois, un prize money de compétition se transforme en micro-investissement pour une boutique d’alimentation. La vague reste la même, mais l’écosystème autour change et, avec lui, la vie des habitants.
Les marqueurs sportifs jalonnent cette montée en puissance : compétitions nationales régulières et, en 2024, l’accueil d’une étape de l’Africa Surf Tour à Robertsport. Autrement dit, le pays ne coche plus seulement la case “belle vague”; il s’inscrit sur la carte du surf africain qui compte. Ce rythme donne des objectifs aux jeunes, attire quelques voyageurs, et crédibilise le club auprès des autorités.
Le cœur du message, c’est la chance de naissance. Grandir en France, c’est l’accès (presque) acquis à l’eau potable, aux soins, au sport ; à Robertsport, rien n’est “normal”. Ce rappel n’est pas là pour culpabiliser, mais pour recentrer la gratitude — et pour donner envie d’agir. L’impact de We The Surfers vient de cette tension tenue entre difficultés objectives (pauvreté, scolarité fragile) et énergie positive d’une jeunesse qui choisit la vague plutôt que la violence.
Le film donne envie de booker un billet — et c’est possible, mais pas comme à Bali. Il faut anticiper (vaccins, visa), s’organiser, contacter le Robertsport Surf Club en amont pour se faire “brancher” correctement (guides, hébergements, location). Sur place, on rémunère les services locaux, on respecte les locaux à l’eau, on évite le geotag outrancier, on ramasse ses déchets. Bref, on surfe et on renforce la scène plutôt que de la parasiter.
Les planches seront expédiées au Liberia par l'association "Provide The Slide"

Astuce pratique : depuis l’Europe, suivez les collectes annoncées par le film/le club — Soutenez financièrement les programmes éducatifs ou venir sur place en apportant du matériel utile.
Parce qu’il reconnecte le surf à son idée de partage. À Robertsport, on se passe des planches, on se félicite sur la plage, et le line-up ressemble plus à une cour de récré organisée qu’à une arène de score. Quand Arthur Bourbon dit préférer les histoires aux montages de tricks, on comprend : l’action est là, mais c’est l’attention qui fait grandir. Et, bonus, ça parle autant aux surfeurs qu’à celles et ceux qui n’ont jamais waxé une board.

We The Surfers est visible dès maintenant en VOD (Prime Video, Apple TV). Regardez-le pour le plaisir, mais aussi comme un levier : plus le film circule, plus l’histoire de Robertsport rayonne, plus les initiatives locales trouvent des relais. Et si vous partez, partez bien : par le club, pour le club.
