Coach haut de gamme, membre du crew Chapter 11 et chasseur de bombes, Andrew Jacobson signe un film qui met des gifles : Teahupo’o, l’Irlande, Fidji… et une bombe à Pipeline, le tout présenté par Dane Reynolds, légende en personne. Un portrait humain et une claque visuelle.
Andrew Jacobson n’est pas le moniteur qui pousse des mousses à Zuma. À Malibu, il a bâti un coaching ultra ciblé, pensé pour des clients exigeants et discrets, capables de l’emmener à la demande jusqu’à un wavepool en jet privé ou d’investir sérieusement dans la progression d’un jeune talent. Ce modèle lui permet de rester maître de son temps, de caler ses semaines sur les houles et de financer sa vie d’athlète sans renoncer aux voyages. Être son propre patron n’a rien d’un caprice : c’est la condition pour poursuivre une obsession, celle d’aller chercher les meilleures vagues possibles, où qu’elles se lèvent.
Dans le film This Is Where I Am, réalisé par Hunter Martinez avec Chapter 11, Dane Reynolds ne se contente pas d’introduire le personnage : il l’humanise. On traverse des scènes de maison familiale, un tea time à la fois gênant et tendre, et l’on découvre un Andrew drôle, pudique, focalisé. La frontière symbolique entre Malibu et Ventura s’efface pour laisser place à une relation simple, faite d’admiration réciproque et de petites piques. Cette proximité donne au récit un ton rare : au lieu de vendre un héros, le film dévoile un surfeur qui aime l’océan plus que le storytelling.
Quand l’action démarre, tout s’accélère. À Teahupo’o, Andrew se lance dans la gueule du monstre avec une lecture millimétrée, une ligne et une sortie propre. En Irlande, les murs d’eau froide et le vent glacial ne lui arrachent pas sa fluidité ; il reste droit dans ses appuis, rapide, fluide. Aux Fidji, il retrouve ce tempo élastique où chaque section appelle une décision franche, sans gestuelle superflue. Les images tiennent par leur évidence : il ne subit pas ces vagues lourdes, il les sculpte.
Le sommet de la vidéo arrive à Pipeline. La vague filmée est un gros set à Pipeline, un bon deuxième reef, mais Andrew s’y place exactement où il faut. La trajectoire est chirurgicale, la prise de vitesse parfaite, la sortie impeccable. Depuis mon siège, cela parait trop simple. Il en rit ensuite en lâchant qu’il est peut-être l’habitant de Malibu qui a la meilleure vague à Pipe. La phrase a le goût de la provocation légère et de l’autodérision, mais les images, elles, ne plaisantent pas. Ce clin d’œil offre un gimmick parfait : assez culotté pour faire réagir, assez vrai pour tenir la route.
Le film raconte aussi la face cachée de l’engagement. En 2018, à Cloudbreak, Andrew se brise le genou dans un wipeout violent. La reconstruction est longue, physique et mentale, et revenir scorer là-bas a tout d’une revanche. On comprend alors le triangle affectif qui structure sa pratique : Pipeline pour l’histoire et la densité, Teahupo’o pour la pureté et la verticalité, Cloudbreak comme l’ancienne flamme avec laquelle il fallait solder les comptes. Cette relation aux vagues lourdes éclaire sa manière d’habiter chaque take-off : calme froid, lecture rapide, goût du risque maîtrisé.