Du 6 au 8 juin 2025, la plage de Zurriola à San Sebastián devait accueillir une étape du circuit junior de la World Surf League (WSL). L’événement n’aura finalement pas eu lieu sous l’égide de WSL. En cause : le retrait du soutien logistique du club local Groseko Indarra Surf Taldea, motivé par la présence de plusieurs surfeurs israéliens sur la liste des participants.
Dans un message publié sur Instagram quelques jours avant la compétition, le club a expliqué son refus de coopérer avec la WSL pour l’organisation de l’événement, en fournissant notamment l’électricité et la connexion internet nécessaires. La raison invoquée : la participation de nombreux athlètes israéliens, alors que le club affirme vouloir dénoncer ce qu’il qualifie de « génocide du peuple palestinien ».
Le message poursuivait en établissant un parallèle avec les sanctions sportives imposées à la Russie depuis 2022, estimant que des mesures similaires devraient s’appliquer à Israël :
« Des décisions politiques sont prises dans le sport, comme l’interdiction faite à la Russie de participer à des compétitions internationales. Nous pensons qu’Israël doit être soumis aux mêmes pressions. »
La World Surf League, confrontée à cette rupture de collaboration et au retrait de l’appui des autorités locales, a jugé ne plus pouvoir garantir les conditions de sécurité minimales pour les compétiteurs. Dans un message adressé aux athlètes (relayé par le média Surf30), l’organisation a précisé que toute exclusion fondée sur la nationalité violerait son règlement interne, qui prône une politique de tolérance zéro envers toute forme de discrimination.
Face à l’impasse, la WSL a donc annulé l’étape junior, tout en précisant qu’aucun surfeur ne pouvait être exclu sur la base de sa nationalité.
Malgré l’annulation officielle, l’événement n’a pas complètement disparu. Des organisateurs locaux ont reconfiguré la compétition sous un nouveau nom, le Waxdays Junior Pro, en dehors du cadre de la WSL. La victoire est revenue à Kai Odriozola chez les garçons U20, et à Sarah Leiceaga chez les filles U20 — deux jeunes talents du Pays basque.
L’incident de Zurriola s’inscrit dans un contexte plus large, où la question de la représentation des athlètes israéliens sur le circuit mondial est devenue particulièrement sensible.
Quelques mois plus tôt, Anat Lelior, surfeuse olympique israélienne, avait participé au QS 3000 de Taghazout (Maroc) sans que sa nationalité n’apparaisse sur le site de la WSL. Elle y était listée comme appartenant au « monde », une désignation neutre déjà utilisée dans d’autres contextes tendus — notamment lors d’une étape à Abu Dhabi où toutes les nationalités avaient été masquées, après que la surfeuse australienne Tyler Wright ait porté un maillot aux couleurs du drapeau de la diversité.
La situation illustre l’équilibre délicat que doivent maintenir les instances sportives internationales, prises entre des exigences de neutralité et les pressions géopolitiques croissantes. Tandis que des organisations comme l’International Surfing Association (ISA) ont banni les surfeurs russes dès 2022, la WSL avait initialement adopté un label neutre pour les Russes — avant de revenir à l’appellation « Russian Federation » ces deux dernières années.
Ces positions contradictoires alimentent les critiques. Certains y voient un deux poids deux mesures, d’autres dénoncent au contraire des interférences politiques dans des compétitions censées rassembler plutôt que diviser.
L’annulation du WSL Junior Pro de Zurriola rappelle que même des disciplines perçues comme apolitiques peuvent être rattrapées par les tensions du monde. Le surf, à travers ses circuits professionnels, n’échappe plus aux débats internationaux sur la guerre, la représentation et les droits humains. Entre volonté d’inclusion et pressions locales, les organisateurs devront, à l’avenir, composer avec une réalité de plus en plus complexe.