Chez les surfeurs, une irritation de l’œil est souvent banalisée. Mais ce qui ressemble à un simple ptérygion peut parfois cacher un danger bien plus grave. L'histoire d’Erin Campbell en est la preuve.
Originaire de Valla Beach, en Australie, Erin Campbell, 24 ans, a grandi dans les vagues. Entre sessions de surf et voyages en Afrique avec ses parents, elle mène une vie active et ensoleillée. En 2024, elle concrétise un rêve : créer un surf camp avec son compagnon à Lombok, en Indonésie.
Mais en plein lancement du projet, une gêne apparaît à l’œil gauche. Une petite excroissance, une sensibilité à la lumière, une impression de voile dans la vision. Erin pense immédiatement au ptérygion, cette affection bénigne bien connue des surfeurs, causée par une exposition répétée au soleil, au vent et au sel.
Un médecin local confirme ce diagnostic, sans pousser plus loin.
Les semaines passent. La douleur augmente. Erin doit porter des lunettes de soleil en intérieur. Elle n’arrive même plus à fermer complètement l’œil.
De retour en Australie, elle consulte un ophtalmologue. Cette fois, le ton change. L’œil est examiné de près. Une biopsie est lancée. Puis, le diagnostic tombe : carcinome épidermoïde conjonctival. Un cancer rare, mais agressif.
“Je pensais que j’allais mourir”, confie-t-elle plus tard.
À 24 ans, Erin découvre que ce qu’elle prenait pour un ptérygion pourrait lui coûter la vie.
Le traitement est lancé immédiatement. Chimiothérapie sous forme de gouttes, stéroïdes, cryothérapie. Puis, une opération chirurgicale au Sydney Eye Hospital.
Mais l’intervention tourne au cauchemar : l’anesthésie ne fonctionne pas correctement. Erin reste consciente pendant l’opération, incapable de parler, entend tout, ressent tout. Elle vit l’un des moments les plus traumatisants de sa vie.
On lui retire la lésion, on gèle la zone touchée et on greffe un morceau de conjonctive prélevé à l’arrière de son propre œil.
Six mois plus tard, Erin a retrouvé les vagues. Mais sa vie a changé : examens tous les six mois à vie, interdiction de boire de l’alcool, vigilance maximale face au stress et à l’exposition solaire.
Le surf camp a été loué à d’autres. Elle prend du recul. Et témoigne pour prévenir d’autres surfeurs et amoureux du soleil : ne jamais banaliser un ptérygion.
Le ptérygion est une prolifération anormale de la conjonctive sur la cornée. Bénin, il est courant chez les surfeurs, véliplanchistes, skieurs et travailleurs exposés au soleil. En Australie, on estime qu’il touche jusqu’à 10 % de la population générale et beaucoup plus chez les surfeurs réguliers.
Mais s’il évolue vite, devient douloureux ou change d’aspect, il peut cacher autre chose — comme dans le cas d’Erin.
Voici les symptômes qui doivent vous pousser à consulter immédiatement un ophtalmologue :
Un simple examen peut faire la différence entre un traitement précoce… et un drame évitable.
Que vous soyez surfeur quotidien, pratiquant du kayak, randonneur, ou simplement amateur de bronzette, adoptez ces gestes simples :
“Si ça peut aider une seule personne à se faire examiner, alors ça valait le coup”, dit Erin.
Aujourd’hui, elle vit avec plus de prudence, mais aussi plus de gratitude. Elle surfe de nouveau, mais avec des lunettes adaptées, une routine de soins, et une conscience aiguë de sa santé.
Dans l’univers du surf, on accepte souvent les petits bobos comme des trophées : oreilles bouchées, peau abîmée, yeux irrités. Mais comme l’a vécu Erin, ce qui ressemble à un simple ptérygion peut cacher un véritable cancer de l’œil.
Et si son histoire permet à d’autres de réagir à temps, alors ce témoignage a toute sa raison d’être.