Huit heures, cinq minutes et quarante-quatre secondes. C’est le temps que l’Autrichien Maximilian Neuböck a passé debout sur une vague, sans jamais tomber. Pas sur un swell mythique de l’océan Pacifique, non — sur The RiverWave, la plus grande vague artificielle d’Europe en Autriche. Le tout validé par le Guinness World Records. Résultat : un record aussi absurde qu’hypnotisant, qui interroge autant qu’il impressionne.
La scène se déroule à Ebensee, en Autriche, loin des spots salés de Nazaré ou Teahupo’o. Là, The RiverWave génère une vague stationnaire, perpétuelle, comme un tapis roulant aquatique. Et Max Neuböck a décidé d’y rester dessus aussi longtemps que possible, sans descendre, sans pause, sans toilettes — mais pas sans ravitaillement.
Pendant son marathon liquide, il a mangé une soupe, avalé une pizza, bu du Red Bull et utilisé un pistolet de massage pour ses cuisses. Tout cela, sans jamais cesser de glisser sur place. À la fin, épuisé mais euphorique, il s’est jeté à l’eau en criant de joie : huit heures de surf continu, un record officiellement homologué par Guinness.
“Il n’est revenu à terre qu’après huit heures, certain d’avoir battu le record. Il a ensuite sauté dans l’eau en criant, les bras levés”, raconte Guinness dans son communiqué officiel.
Soyons honnêtes : le surf n’avait pas forcément besoin de ce record. Mais dans un monde obsédé par les chiffres, les likes et les “premières fois”, il fallait bien que quelqu’un tente l’impossible : tenir debout sur une vague pendant une journée de travail complète.
Ce n’est pas un exploit d’océan, ni un tube de légende — c’est un exploit d’endurance et, surtout, de volonté. Neuböck incarne cette tendance moderne à vouloir “faire un record pour le record”, comme s’il fallait tout mesurer, tout chronométrer, même la glisse.
Une performance à la frontière du sport, de l’art contemporain et de la méditation sous caféine. Bref, je m'égare...
Avant Neuböck, le Panaméen Gary Saavedra détenait un autre record Guinness : celui de la plus longue vague surfée en eau libre, en 2011. Il avait surfé le sillage d’un bateau pendant 43,1 miles dans le canal de Panama, pendant près de quatre heures.
Mais la comparaison s’arrête là : Saavedra avançait, Neuböck restait sur place. Deux visions du surf, deux formes d’absurdité héroïque.
Passer huit heures à surfer sans tomber, c’est certes un exploit physique. Mais c’est surtout un symbole : le surf peut aussi être statique, introspectif, presque méditatif. Entre deux gorgées de soupe, Neuböck a probablement exploré les frontières du calme, du courage et de l’ennui absolu.
Le Guinness World Records adore ces exploits improbables. À côté de Neuböck, on trouve par exemple le “plus grand nombre de Big Macs mangés dans une vie” (26 000), le “5 mètres les plus rapides en skateboard par un chat”, ou encore le montage le plus rapide de Mr. Potato Head les yeux bandés.
Et dans la catégorie “records de surf plus sérieux”, Sebastian Steudtner détient toujours le titre de la plus grosse vague surfée, avec son 86 pieds à Nazaré en 2020.
Mais entre la démesure portugaise et la patience autrichienne, un même fil rouge : l’amour du geste inutile mais fascinant.