Quand OnlyFans devient sponsor : bénédiction ou signal d’alarme pour le surf ?

2 novembre 2025

Moana Jones Wong, Lucía Martiño… et demain, qui ? Le surf s’invite sur une plateforme où l’économie prend le pas sur les tabous.

Le monde du surf est en pleine mutation. Les stickers s’effacent, les budgets fondent, et les carrières se construisent désormais autant sur l’eau que sur les écrans. Dans ce nouveau paysage, une plateforme improbable s’impose comme acteur du sponsoring dans le surf : OnlyFans.

Après Pedro Scooby, Billy Kemper, António Laureano et Lucía Martiño, la Hawaïenne Moana Jones Wong vient d’être officiellement sponsorisée par la plateforme. Le surf professionnel cherche de nouveaux modèles économiques.

Moana, Lucía et le changement de paradigme

Quand Moana Jones Wong, “Queen of Pipeline”, a annoncé son arrivée sur OnlyFans, les réactions ont fusé : admiration, incompréhension, jugements hâtifs. Pourtant, le message de la surfeuse hawaïenne était limpide : « Je veux partager ce que les gens ne voient pas : mes entraînements, mes voyages, mes conseils. »

Rien de sulfureux, juste un pas vers plus d’indépendance. Moana, déjà diplômée en culture et santé autochtones, voit dans OnlyFans une plateforme pour parler de surf autrement.

Il ya quelques semaines, c’était Lucía Martiño, surfeuse espagnole connue pour son style fluide et son esthétique soignée, qui annonçait une collaboration officielle avec la marque OnlyFans. Cette fois, la frontière est franchie : OnlyFans n’est plus un simple canal personnel, c’est un véritable sponsor.

Un sponsoring qui dit beaucoup de notre époque

Pendant des décennies, l’économie du surf reposait sur un modèle simple : performance + image = contrat. Les marques historiques (Rip Curl, Billabong, Roxy…) finançaient les carrières et façonnaient les légendes. Mais la bulle a éclaté.

Entre la mondialisation du sport, la fin du “cool” institutionnalisé et la concentration des groupes, les budgets marketing se sont effondrés. Aujourd’hui, rares sont ceux qui vivent réellement de leur surf.

Les athlètes deviennent donc leurs propres médias. YouTube, TikTok, Instagram… et désormais OnlyFans. Ce dernier, en se repositionnant comme une plateforme pour créateurs de contenu exclusif, offre une alternative directe : un espace sans intermédiaires, où les fans paient pour un lien authentique.

Tabou ou révolution ?

Évidemment, le nom d’OnlyFans reste chargé. Il évoque le glamour, le corps, la provocation. Mais ce serait oublier que la plateforme, en 2025, s’est largement diversifiée. Athlètes, musiciens, coachs y partagent des contenus pédagogiques ou inspirants.

Dans le surf, cette évolution soulève une question fondamentale : jusqu’où un surfeur doit-il aller pour continuer à vivre de sa passion ?

Moana Jones Wong l’a dit sans détour : « Être une femme de foi, ce n’est pas se cacher du monde, c’est y être présente avec respect. » Une déclaration forte, qui résume bien le dilemme actuel : entre préjugés et liberté, chaque surfeur trace sa propre ligne.

Un miroir de la crise du surf pro

Le fait qu’OnlyFans devienne sponsor dit tout de l’époque. Le surf n’est plus un sport doré, c’est une niche en quête de survie économique. Les compétitions souffrent, les circuits se contractent, et les marques misent désormais sur les visages qui font cliquer plus que sur ceux qui gagnent des séries.

Dans ce contexte, être sponsorisé par une plateforme aussi puissante qu’OnlyFans est peut-être moins une provocation qu’une nécessité.
Le surf, discipline libre par essence, a toujours flirté avec la marginalité. Ce virage n’est qu’une nouvelle forme d’indépendance — avec une part de risque, certes, mais aussi une promesse : celle de reprendre le contrôle et son indépendance vis à vis des marques historiques. On retrouve dans cette tendance lorsque Jami O'Brien quittait le circuit WSL pour se concentrer sur sa chaine Youtube, avec succès.

Une chance, mais à quel prix ?

Pour certains, c’est une opportunité en or : la chance de construire une communauté fidèle, une audience, sans dépendre des marques ou des fédérations. Pour d’autres, c’est le signe d’une déchéance, la preuve que le surf a perdu de sa superbe.

La vérité se situe sans doute entre les deux.
OnlyFans ne sauvera pas le surf, mais il révèle son état. En 2025, pour exister, un surfeur doit être entrepreneur, réalisateur, marketeur, et parfois… influenceur malgré lui.

Et si l’on doit choisir entre ne plus surfer et surfer autrement, beaucoup préféreront, sans doute, poster depuis la plage plutôt que rester sur la touche.

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