Ils n’ont cessé de le répéter : "Kelly Slater a 53 ans !". À croire que son âge suffisait à justifier sa présence sur le Tour. Mais à force d’encenser la légende, les commentateurs ont fini par dévoiler l’absurdité de la situation : le surf professionnel s’accroche à son passé pendant que le présent se vide de sens.

Sur le spot de Trestles, Kelly Slater s’est fait balayer par Italo Ferreira (15.17 contre 7.53), avant de s’incliner face à Barron Mamiya dans le repêchage. Son analyse ? Des nuits hachées depuis la naissance de son fils Tao, une hanche douloureuse et un corps trop abîmé pour rivaliser. "Je n’étais pas vraiment dans ma tête", a-t-il avoué après sa défaite.
Pendant les lives, les commentateurs n’ont cessé de rappeler qu’il avait 53 ans, comme s’il s’agissait d’un exploit en soi. Mais justement : quand tout ce qu’on a à dire d’un compétiteur, c’est qu’il est encore là, c’est que le problème est profond. C’est un peu comme applaudir un boxeur KO qui se relève encore : impressionnant, mais gênant.
Dans le même temps, Gabriel Medina est forfait, John John Florence préfère faire de la voile, et la relève peine à briller dans des vagues trop molles, sur un circuit aseptisé. Le rêve s’effrite. L’image glamour du CT s’étiole, et Kelly Slater devient malgré lui le symbole d’un système à bout de souffle.
Il reste une wildcard à Pipeline, son jardin. Ce sera peut-être la dernière fois qu’on verra Kelly en lycra sur le CT. Un hommage mérité ? Sans aucun doute. Mais aussi un besoin pressant pour la WSL de passer à autre chose, d’écrire un nouveau chapitre. Et vite.