Quand Carlos Muñoz se fait dépouiller après une session à Hawaii
12 octobre 2025
Il pensait vivre une simple session à Rocky Point, sur le North Shore d’Oahu. Mais, pour Carlos Muñoz, surfeur pro costaricien respecté sur le circuit international, la session a viré à la mauvaise série : celle de la violence, du localisme et de la bêtise humaine.
Une vague, une collision, et l’étincelle
Tout commence comme une scène banale dans l’océan le plus convoité du monde. Rocky Point, spot mythique d’Oahu, déroule ses droites et gauches nerveuses. Carlos rame sur une vague, un autre surfeur se jette dedans, les trajectoires se croisent, et crac, collision. L’homme blond qui a taxé hurle un « f***ing tourist » bien senti. Muñoz, calme, mais pas soumis, lui répond :
« Je suis un touriste, ok, mais c’était ma vague. » Erreur. Le mot “tourist” à Hawaii, c’est parfois comme dire “je ne t’appartiens pas” dans un bar de bikers.
“Tu n’as pas la tête d’un local”
L’autre insiste : “Je suis local.” Et là, Carlos lâche une phrase anodine, mais qui, mal interprétée, va mettre le feu au line-up :
“Tu ne ressembles pas à un local.” Lui qui explique aujourd’hui qu’il ne voulait pas vexer, que son anglais imparfait a sans doute amplifié le malentendu… Trop tard.
Le retour sur la plage : neuf contre un
Il reste pourtant à l’eau. Une heure et demie, tranquille, en se disant que le calme va revenir. Mais à son retour sur la plage, c’est un autre scénario : huit ou neuf types l’attendent, les bras croisés, le regard froid. Le blond de tout à l’heure est là, gonflé à bloc, encouragé par ses potes à régler “le problème”. Le premier coup part, Carlos esquive. Le deuxième, il encaisse volontairement.
“J’ai pris un coup dans la mâchoire, ça allait. Je ne voulais pas me battre.” Mais les gars en veulent plus. Ils veulent sa planche.
“Pas celle-là, elle est spéciale”
La planche qu’il tient, c’est sa préférée. Celle qui l’a accompagné dans ses meilleures sessions. Alors, il tente une négociation de surfeur pacifiste :
“Prenez-en une autre, j’en ai à la maison.” Le groupe le suit jusque chez lui. Là, il tend une vieille board. Le geste apaise la tension, les mecs repartent avec leur trophée dérisoire.
Le localisme, une maladie mondiale
Dans son récit, Carlos Muñoz ne crache pas sur Hawaii. Il parle d’un phénomène global. De ce virus du surf qu’on appelle le localisme, cette illusion de possession qui transforme des passionnés de glisse en gardiens de territoire.
“Ça m’est arrivé aussi au Mexique”, raconte-t-il. “Certains croient protéger leur spot, mais ils détruisent juste l’esprit du surf.”
L’océan n’appartient à personne
Le plus amer dans l’histoire, c’est cette contradiction : le surf, né de la liberté, de la communion avec l’océan, devient parfois un espace de domination et d’exclusion. Carlos, lui, préfère relativiser : il continue de voyager, de surfer, de partager sa passion. Mais son expérience rappelle une vérité simple : les vagues ne sont la propriété de personne. Et qu’à force de vouloir jouer les seigneurs du line-up, certains finissent par oublier l’essence même du surf : la joie pure de glisser.